Retraite progressive Agirc-Arrco : les nouveaux coefficients applicables
- Le Bouard Avocats
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Les points clés à connaître sur la retraite progressive Agirc-Arrco en 2025
Avant d’entrer dans les détails juridiques, voici l’essentiel à retenir concernant la retraite progressive Agirc-Arrco à compter du 1er septembre 2025 :
Âge d’accès abaissé à 60 ans : tous les salariés, quelle que soit leur génération, peuvent demander la retraite progressive dès 60 ans.
150 trimestres requis : il faut avoir validé au moins 150 trimestres d’assurance pour bénéficier du dispositif.
Application de coefficients spécifiques : en cas de retraite progressive sans taux plein, un coefficient d’anticipation Agirc-Arrco s’applique temporairement.
Circulaire Agirc-Arrco 2025-14 : elle fixe les barèmes applicables de septembre à décembre 2025 et remplace la circulaire 2024-14.
Un outil de transition : la retraite progressive facilite la réduction d’activité, tout en continuant à acquérir des droits à la retraite.

Comprendre la retraite progressive et son cadre juridique
La retraite progressive constitue un mécanisme permettant à un salarié de réduire son temps de travail tout en percevant une fraction de sa pension de retraite. Ce dispositif, prévu par le Code de la sécurité sociale (articles L. 351-15, R. 351-39 et D. 161-2-24), poursuit un double objectif : faciliter la transition entre activité et retraite et encourager le maintien dans l’emploi des salariés expérimentés.
En pratique, le salarié continue à exercer une activité professionnelle à temps partiel, tandis qu’une partie de sa pension de retraite – de base et complémentaire – lui est versée. Les cotisations restant dues sur le salaire partiel permettent de continuer à acquérir des droits à retraite.
Pour ouvrir droit à ce dispositif, deux conditions cumulatives doivent être remplies :
avoir atteint l’âge minimal d’accès fixé par décret,
justifier d’au moins 150 trimestres d’assurance validés.
Jusqu’ici, l’âge d’ouverture dépendait de la génération concernée, avec un relèvement progressif prévu dans la réforme des retraites issue de la loi n° 2023-270 du 14 avril 2023.
Un abaissement de l’âge légal à 60 ans à partir du 1er septembre 2025
Le décret du 15 juillet 2025 et son impact
Un changement majeur est intervenu avec le décret n° 2025-681 du 15 juillet 2025, publié au Journal officiel du 23 juillet 2025. Ce texte a abaissé à 60 ans, pour toutes les générations, l’âge d’ouverture du droit à la retraite progressive, et ce à compter du 1er septembre 2025.
Cet abaissement s’inscrit dans la continuité de l’accord national interprofessionnel du 14 novembre 2024 sur l’emploi des salariés expérimentés, qui invitait les pouvoirs publics à assouplir les conditions d’accès afin d’inciter davantage de salariés à recourir à la retraite progressive.
Une évolution favorable aux salariés
La mesure uniformise ainsi le dispositif : désormais, quel que soit l’année de naissance, tout assuré justifiant d’au moins 150 trimestres peut solliciter une retraite progressive dès ses 60 ans.
Cette avancée présente plusieurs avantages :
elle offre une plus grande prévisibilité pour les salariés,
elle simplifie la gestion des ressources humaines pour les employeurs,
elle permet une meilleure anticipation de la transition emploi-retraite.
Les règles Agirc-Arrco applicables en matière de coefficients spécifiques
Le principe du coefficient d’anticipation
En complément du régime de base, la retraite progressive intègre les règles propres aux régimes complémentaires. L’article 88 de l’ANI du 17 novembre 2017 prévoit que lorsque le salarié ne réunit pas la durée d’assurance requise pour bénéficier d’une retraite à taux plein dans le régime général, ses allocations Agirc-Arrco font l’objet d’un coefficient d’anticipation spécifique temporaire.
Ce coefficient réduit provisoirement le montant de la pension complémentaire, en fonction du nombre de trimestres manquants, afin de tenir compte de l’anticipation.
La circulaire Agirc-Arrco 2025-14 du 25 août 2025
La nouvelle circulaire Agirc-Arrco 2025-14-SG-DRJ du 25 août 2025 est venue préciser les barèmes applicables aux retraites progressives prenant effet de septembre à décembre 2025. Elle annule et remplace la circulaire 2024-14, tenant compte de l’abaissement à 60 ans de l’âge d’ouverture.
Cette circulaire détaille, génération par génération (1958 à 1965), les coefficients applicables en fonction de :
l’âge du salarié au moment de l’effet de la retraite progressive,
le nombre de trimestres validés à cette date.
Exemples concrets tirés du barème 2025
Pour rendre plus lisible ce mécanisme, prenons quelques illustrations issues du barème officiel :
Un assuré né en 1964 partant en retraite progressive à 61 ans avec 160 trimestres validés verra ses droits affectés d’un coefficient de 0,819.
Un assuré né en 1965 choisissant la retraite progressive à 60 ans avec 162 trimestres validés se verra appliquer un coefficient de 0,819 également.
Un assuré né en 1959 partant à 65 ans avec 163 trimestres validés se verra appliquer un coefficient de 0,854.
Ces coefficients progressent avec l’âge et le nombre de trimestres validés, pour atteindre 1,000 lorsque la durée requise est complète ou à l’approche de l’âge d’annulation de la décote.
Les incidences pratiques pour les employeurs et les salariés
Une sécurisation accrue des parcours professionnels
Pour les salariés, cette évolution se traduit par une plus grande liberté dans l’organisation de leur fin de carrière. Elle permet de préserver le lien social et professionnel tout en bénéficiant d’un revenu partiellement sécurisé par la pension.
Pour les employeurs, la retraite progressive constitue un outil de gestion des âges et de transmission des compétences. Elle facilite l’intégration des jeunes générations tout en maintenant l’expertise des plus expérimentés.
Les points de vigilance à prendre en compte
Cependant, il convient de rester attentif à plusieurs aspects :
la nécessité d’obtenir l’accord de l’employeur sur l’aménagement du temps de travail à temps partiel,
l’impact du coefficient temporaire sur le niveau des pensions complémentaires,
la nécessité d’anticiper la liquidation définitive pour optimiser les droits.
En pratique, il est recommandé aux salariés d’effectuer des simulations personnalisées afin de mesurer les incidences financières et de déterminer le moment le plus opportun pour activer le dispositif.
Les fondements juridiques à retenir
Pour encadrer ce dispositif, plusieurs textes doivent être gardés en mémoire :
Code de la sécurité sociale : articles L. 351-15, R. 351-39, D. 161-2-24, relatifs à la retraite progressive,
Loi n° 2023-270 du 14 avril 2023 : portant réforme des retraites,
Accord national interprofessionnel du 14 novembre 2024 : relatif à l’emploi des salariés expérimentés,
Décret n° 2025-681 du 15 juillet 2025 : fixant l’âge d’ouverture à 60 ans,
Circulaire Agirc-Arrco 2025-14-SG-DRJ du 25 août 2025 : barème des coefficients spécifiques applicables de septembre à décembre 2025.
La réforme de la retraite progressive applicable depuis le 1er septembre 2025 marque une étape importante dans la politique sociale de l’emploi des seniors. En abaissant à 60 ans l’âge d’accès et en clarifiant les barèmes complémentaires Agirc-Arrco, elle renforce l’attractivité de ce dispositif.
Pour les salariés, elle constitue une opportunité réelle de concilier activité réduite et perception partielle de la retraite, tout en continuant à valider des droits. Pour les employeurs, elle devient un levier stratégique de gestion des ressources humaines, à condition d’être correctement anticipée et négociée.
En définitive, la retraite progressive Agirc-Arrco, telle que redéfinie en 2025, s’impose comme un outil d’équilibre, conciliant protection sociale et maintien dans l’emploi, dans un contexte de réforme profonde du système de retraite.
Foire aux questions sur la retraite progressive Agirc-Arrco
À quel âge peut-on partir en retraite progressive en 2025 ?
Depuis le 1er septembre 2025, l’âge minimal pour demander la retraite progressive est fixé à 60 ans, quelle que soit l’année de naissance. Cette uniformisation résulte du décret n° 2025-681 du 15 juillet 2025. Il reste toutefois nécessaire de justifier d’au moins 150 trimestres d’assurance pour ouvrir droit au dispositif.
Quelles sont les conditions pour bénéficier de la retraite progressive ?
Pour accéder à la retraite progressive, deux conditions principales doivent être réunies :
avoir au minimum 60 ans (après le 1er septembre 2025),
justifier d’une durée d’assurance de 150 trimestres au régime général.
À cela s’ajoute la condition d’exercer une activité professionnelle à temps partiel, dont le pourcentage d’activité détermine la fraction de pension servie.
Quels coefficients Agirc-Arrco s’appliquent en 2025 ?
La circulaire Agirc-Arrco 2025-14 du 25 août 2025 fixe les coefficients spécifiques temporaires applicables de septembre à décembre 2025.
Ces coefficients réduisent la pension complémentaire lorsque l’assuré ne réunit pas la durée d’assurance nécessaire pour un taux plein au régime de base.
Exemple : un salarié né en 1964 partant à 61 ans avec 160 trimestres obtient un coefficient de 0,819.
Lorsque la durée requise est atteinte, le coefficient appliqué est de 1,000, ce qui signifie qu’aucune minoration n’est opérée.
Comment calculer sa pension en retraite progressive ?
Le calcul repose sur deux éléments :
La fraction de retraite servie, proportionnelle au temps de travail réduit (par exemple, 60 % d’activité = 40 % de pension versée).
Le coefficient d’anticipation Agirc-Arrco, appliqué uniquement si la durée d’assurance est insuffisante pour obtenir le taux plein.
Une simulation auprès de l’Agirc-Arrco ou via l’Assurance retraite permet d’obtenir une estimation précise.
La retraite progressive est-elle avantageuse ?
Oui, dans de nombreux cas. Elle permet de :
réduire progressivement son temps de travail,
percevoir une partie de sa pension en complément du salaire,
continuer à cotiser et acquérir des droits supplémentaires,
préparer sereinement la liquidation définitive de la retraite.
Il convient toutefois d’anticiper l’impact du coefficient temporaire sur le montant des pensions complémentaires.